Le Monde despre Regele Mihai I

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Le Roi Michel Ier, poil à gratter de la Roumanie

Le Monde, 25 octobre 2011

http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/10/25/le-roi-michel-ier-poil-a-gratter-de-la-roumanie_1593367_3214.html

Bucarest, correspondant – Malgré ses 90 ans, il fait encore trembler la classe politique roumaine. A l’invitation de plusieurs députés, pour la première fois, le roi Michel Ier a prononcé un discours devant le Parlement, le 25 octobre, jour de son anniversaire. Certains élus étaient inquiets car, selon une rumeur non démentie par la Maison royale, le roi aurait pu en profiter pour demander la restauration de la monarchie en Roumanie.

“Les rois ont fait la Roumanie moderne en cent quarante ans, a-t-il déclaré avant cette cérémonie. Les communistes ont tout détruit en quarante ans.” Cela fait dix ans que le roi Michel a effectué son retour définitif à Bucarest. Un retour très remarqué à l’époque. Dès son arrivée, ce passionné de voitures et d’aviation avait pris le volant d’une Mercedes et s’était retrouvé dans le dédale des grands boulevards bucarestois, bordés de HLM délabrées, héritage de la dictature communiste.

“Comment ont-ils pu faire des choses aussi horribles?, avait-il lâché en balayant du regard les immeubles grisâtres de la capitale, naguère surnommée le “petit Paris des Balkans”. C’est moche, c’est très moche, je ne reconnais plus cette ville, ce n’est pas mon Bucarest.” Les passants n’en revenaient pas et se retournaient pour apercevoir son visage. Un visage qu’ils n’avaient vu que dans les livres d’histoire. Pour la plupart des Roumains, le roi Michel de Roumanie était devenu un fantôme de la seconde guerre mondiale. Il avait été chassé de son pays en 1947 lorsque les communistes avaient pris le contrôle de la Roumanie avec le soutien de l’Armée rouge.

A son retour, plus d’un demi-siècle plus tard, le roi a été reçu avec tous les honneurs. Mais il a réservé l’un de ses premiers déplacements au petit village de Nucsoara, à 200 km au nord de Bucarest. Une visite hautement symbolique. Lorsqu’il était scout, il avait été accueilli dans ce bourg par une jeune paysanne, Elisabeta Rizea.

Comme plus de 10 000 partisans anticommunistes, Elisabeta avait pris le maquis en 1948 et lutté pendant presque dix ans contre le nouveau régime avec l’espoir que le roi revienne. Mais le monarque est resté dans son exil suisse, à Versoix, près de Genève. Quant à Elisabeta, elle a été arrêtée par la Securitate, la police politique, emprisonnée et torturée.

Devenue le symbole de la résistance anticommuniste en Roumanie, Elisabeta Rizea, 76 ans, fut très émue, ce jour-là, de se retrouver face au roi. “Regardez ce qu’on m’a fait, lui dit-elle en ôtant le foulard qui masque sa tête chauve. On m’a pendue par les cheveux jusqu’à ce qu’on ait tout arraché. Mais je n’ai pas cédé, je n’ai jamais trahi mon roi.” Avant de lui poser la question qui la taraudait depuis tant d’années: “Pourquoi êtes-vous parti, Majesté ? Ne partez plus, vous serez toujours notre roi !”

“QUE POUVAIS-JE FAIRE ?”

En 2001, à 80 ans, le roi Michel réussit finalement à se réinstaller dans le palais Elisabeth, à Bucarest, ancienne demeure royale transformée en cantine au temps du régime communiste. Un bâtiment kitsch auquel le roi s’est efforcé de redonner vie. Mais le siège historique de la maison royale se trouve au château Peles, à Sinaia, coquette petite ville située dans les Carpates, qui rappelle la splendeur des monarques d’autrefois.

En 1866, la Roumanie avait fait un choix monarchique en installant à la tête du pays le roi Carol-Ludovic de Hohenzollern-Sigmaringen. Lui avait succédé son fils Ferdinand, lequel confia cette tâche à son fils Carol II. Entre les deux guerres, la Roumanie avait connu un envol économique sans précédent et s’était alignée sur le modèle démocratique de l’Europe de l’Ouest.

Carol II ne se maintint pas à la hauteur de ses prédécesseurs. Après plusieurs aventures galantes, il abdiqua le 6 août 1940 en faveur de son fils, le jeune Michel, qui se retrouva roi à 19 ans. Deux mois plus tôt, l’Union soviétique avait annexé la partie orientale de la Roumanie, et le pays s’était engagé dans la seconde guerre mondiale au côté de l’Allemagne nazie.

A la fin de la guerre, sous la menace de l’Armée rouge, qui occupe le pays, le roi abdique et part en exil, le 30 décembre 1947. “C’est ici, dans ce bureau, que je les ai reçus, raconte-t-il au palais Elisabeth. Ils m’ont dit que si je ne signais pas l’abdication, ils tueraient un millier d’étudiants. Que pouvais-je faire ?” L’exil du roi dure jusqu’à la chute du régime marxiste, en décembre 1989. Sitôt le Conducator Nicolae Ceausescu exécuté, le monarque demande au nouveau président, Ion Iliescu, un ancien communiste, de réinstaurer la monarchie, mais celui-ci ne veut pas en entendre parler.

En décembre 1990, le roi tente de forcer sa chance et revient en Roumanie. Mais quelques heures seulement après son atterrissage à Bucarest, il est refoulé du pays sur l’ordre d’Iliescu. En 1992, il parvient enfin à se rendre en Roumanie à l’occasion de la fête de Pâques, et 1 million de Roumains descendent dans la rue pour le supplier de rester. Terrorisé par cette perspective, le président Iliescu l’interdit de séjour.

Ce n’est qu’en 1997, un an après la défaite électorale d’Iliescu au profit du libéral Emil Constantinescu, que le roi reçoit un passeport roumain. Les nouvelles autorités ne sont toutefois pas pressées de lui restituer les palais et propriétés qu’il revendique. Puis Iliescu revient aux commandes de 2000 à 2004 et entend redorer son image d’apparatchik. En 2001, le roi Michel serre la main de son ancien ennemi qui lui restitue les propriétés de la Maison royale, geste que beaucoup de monarchistes considèrent alors comme un pacte avec le diable.

Si les analystes s’accordent à dire que le mouvement monarchiste s’est essoufflé, le roi Michel Ier continue d’y croire et compte révéler ses intentions aux Roumains à l’occasion de son premier discours au Parlement. Un discours qui annonce une petite tempête sur l’échiquier politique du pays.

1 comentariu

  1. Mihai says:

    Interesantă şi chiar emoţionantă relatare corespondentului de la Bucureşti a ziarului “Le Monde”, mai ales pasajul dedicat întîlnirii dintre Rege şi Elisabeta Rizea. Păcat doar că, probabil din dorinţa de a fi succint, face unele erori (e vorba de 6 septembrie şi nu de 6 august) şi chiar lasă, probabil neintenţionat, să se înţeleagă că imediat după ocuparea Basarbiei de către sovietici România Regelui Mihai ar fi intrat în război alături de Germania nazistă. În realitate acest fapt s-a petrecut aproape un an mai tîrziu, după înfrîngerea Franţei, singurul “aliat” care numai teoretic ar fi putut proteja România împotriva unei invazii germane, invazie pregătită dealtfel pentru eventualitate că România nu i s-ar fi alăturat de bună voie.

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